08.02.2022
L’association et la société de production d’EnR Soleil Beaujolais ont été créées respectivement en 2020 et 2021 grâce à l’action de plusieurs citoyens particulièrement motivés qui se sont mobilisés localement malgré le contexte de pandémie.
Les projets d’énergies renouvelables participatifs citoyens ont dû faire face, comme tout autre projet, aux bouleversements engendrés par la crise sanitaire liée à la Covid-19. En ce qui concerne le collectif Soleil Beaujolais, les difficultés rencontrées durant cette période n’ont pas empêché ses membres de mobiliser les citoyens de leur territoire et de se structurer en interne.
La crise sanitaire, une opportunité pour avancer dans le projet Soleil Beaujolais
L’histoire du projet de Soleil Beaujolais prend racine il y a plus de 20 ans dans la Communauté de communes Saône Beaujolais (CCSB) grâce à un élu particulièrement investi par la protection de l’environnement, Frédéric Pronchéry, désormais maire de Belleville-sur-Saône et premier vice-président de la Communauté de communes Saône Beaujolais. Ses idées ont pu se concrétiser en octobre 2019, lors de réunions publiques pendant lesquelles les personnes souhaitant s’impliquer dans la production d’énergie renouvelable étaient invitées à se manifester.
Des réunions organisées sous l’égide de la CCSB et encadrées par Coopawatt ont permis à la trentaine de personnes intéressées d’affiner leurs objectifs. L’association Soleil Beaujolais a ainsi vu le jour en mai 2020 autour de ce noyau de citoyens les plus motivés à mettre en place des panneaux photovoltaïques sur toitures.
Très vite, des groupes de travail ont été constitués autour des thèmes suivants :
- Création d’une société
- Production et recherche de toitures disponibles
- Communication et organisation interne (lien avec la communauté de communes et partenaires)
- Sobriété éclairée et animation
La mobilisation des porteurs du projet et notre structuration a été très rapide au sein de Soleil Beaujolais
Philippe Froger, co-président de la collégiale de l’association
Quel est donc le secret de cette mobilisation à grande vitesse ?
Plusieurs facteurs sont entrés en jeu, comme l'explique Philippe Froger, co-président de la collégiale de l’association. Tout d’abord, l’association dispose de 14 co-présidents à sa gouvernance, ce qui facilite la mobilisation et l’efficacité, car le partage du travail a pu se faire selon les compétences de chacun. Cela a aussi permis de ne pas avoir de compétition entre les personnes et d’avoir un travail plus équilibré, les valeurs de démocratie participative étant très importantes pour les membres de l’association.
Autre élément, le rythme des réunions a été maintenu à une par semaine, comme avant la pandémie. Entre octobre et avril 2021, ce ne sont pas moins de 27 réunions en visio-conférences (dont 6 en présentiel lorsque cela était possible) qui ont été organisées. Ces rencontres régulières ont permis de construire des habitudes de travail notamment entre bénévoles et personnes ayant une activité professionnelle (environ un tiers des porteurs du projet).
La pandémie de Covid a d’abord été vécue comme une contrainte, mais cela nous a finalement permis d’augmenter la fréquence des réunions et donc de mieux nous coordonner
Jean-Luc Bazin, président de la société et du conseil de gestion de la SAS Soleil Beaujolais
Les résultats ne se sont pas fait attendre : en janvier 2021, une négociation est ouverte avec la Communauté de communes Saône Beaujolais pour déterminer les modalités de sa participation à la société Soleil Beaujolais. Le groupe de travail Création de société a sollicité tout un réseau d’acteurs et de cabinets juridiques pour permettre la validation des statuts juridiques : c’est finalement la société par actions simplifiées (SAS) à capital variable qui est retenue, avec pour impératif d’intégrer les principes de l’économie sociale et solidaire.
Le fait de ne pas se voir a permis de consolider le groupe : nous avons dû inventer une autre façon de communiquer. C’est un engagement qu’il a fallu repenser d’une manière différente
Martine Fourez Béduer, chargée des pôles administratifs et juridiques
Certes, les membres de Soleil Beaujolais ont dû faire face à des aléas techniques du fait de la crise sanitaire : problèmes de connexion internet et difficultés pour l’identification à distance de toitures pouvant recevoir des panneaux photovoltaïques (photographies de mauvaise qualité). Aussi, une pression accrue a été ressentie par les porteurs du projet à cause de la rapidité avec laquelle les actions ont été menées et la nécessité pour tous les co-présidents de donner leur accord quelle que soit la décision à prendre.
Cependant, de nouvelles personnes ont pu être intégrées parmi les co-présidents du collège de l’association, qui laisse entrer et sortir librement tous volontaires. La mise en place d’un système de vote sans candidats a aussi amélioré le partage des tâches en fonction des compétences de chacun. Les mobilisations publiques n’étant pas prioritaires durant cette période, il a donc été possible pour l’association de concentrer tous ses efforts sur une solide organisation interne (statuts, programme d’investissement, recherche de toitures).
Aujourd’hui, les membres de Soleil Beaujolais recherchent activement des toitures et disposent déjà de pistes pour la pose de panneaux photovoltaïques sur les toits de la Commune de Belleville-en-Beaujolais. Leurs ambitions leur permettent de travailler avec Enercoop sur des projets d’une puissance allant de 9kwc à 100kwc. L’entrée de la CCSB en qualité d’actionnaire de la société de production permet à Soleil Beaujolais de bénéficier d’un soutien financier et d’un ancrage local important. L’originalité de leur gouvernance interne, basé sur la participation de tous et l’ouverture aux compétences nouvelles, a permis à ce collectif citoyen de surmonter les difficultés de cette période de pandémie.
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