Services de covoiturage : six territoires pilotes en Auvergne-Rhône-Alpes livrent leurs retours d’expérience

Dans un contexte d’augmentation des prix du carburant faisant de la mobilité un poste de dépense de plus en plus important pour les ménages, encourager les mobilités partagées comme le covoiturage devient un enjeu économique et social majeur. 

Il s’agit d’une priorité nationale qui se traduit par exemple par la mise en place de zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m) dans 32 agglomérations d’ici 2025, ou encore le lancement du Plan national covoiturage du quotidien visant à multiplier par 3 le nombre de déplacements réalisés en covoiturage à l’horizon 2027, pour atteindre l’objectif de 3 millions de trajets.

Si ce mode de déplacement s’est imposé comme une alternative à la voiture individuelle dans les déplacements longue distance, la marge de progression est importante concernant le covoiturage courte distance.

Avec la série de webinaires « Covoiturage & Territoires, Parlons services ! » le SMT AML et AURA-EE souhaitent :

• Mettre en avant les différentes solutions qui s’offrent aux territoires, et leur diversité en termes d’objectifs, de budget… ;
• Favoriser le partage de connaissances et d’expériences entre collectivités en réponse au regain d’intérêt pour le covoiturage et aux attentes des territoires et des usagers ;
• Aborder lors de chaque webinaire un type de service spécifique, en cherchant à faire comprendre concrètement comment il se traduit, ses conditions de succès, ses différentes déclinaisons et montrer ce qui a déjà pu être réalisé sur d'autres territoires de la région.

Les trois rendez-vous ont ainsi abordé l’auto-stop organisé (1er juin 2023), les plateformes de mise en relation anticipée avec incitatif (13 juillet 2023) et les lignes à haut niveau de service (5 décembre 2023).

Avec le développement de plateformes privées ainsi que la mise en place d’une prime de l’État doublant les incitations voyageurs versées par les collectivités, les services de mise en relation anticipée avec incitatif sont au cœur des réflexions.

Ce service repose sur un outil numérique (application et/ou site internet) pour mettre en relation des conducteurs et des passagers pour des trajets prévus à l’avance. Il est particulièrement adapté à des trajets quotidiens, sur de courtes distances et réguliers.

Les collectivités ont un rôle à jouer pour faciliter le covoiturage quotidien sur leur territoire. La mise en place d’une incitation financière permet un coût réduit, voire nul, pour les passagers et une indemnité pour le conducteur qui propose des places dans son véhicule.

Le 2e webinaire de la série a été l’occasion de présenter deux exemples de plateformes en partenariat public-privé.

Tout d'abord le service EnCovoit Grand Lyon exploité par Karos pour la Métropole de Lyon. « L'incitation financière n'est versée que pour les trajets qui rentrent dans les critères, c’est-à-dire entre 5 et 30 km avec au moins pour origine ou pour destination la métropole. », explique Marie Cannonge, chargée de mission Services de véhicules motorisés partagés à la Métropole de Lyon, « Une politique d'incitation financière c'est une grille tarifaire à définir en bonifiant ou pas certains types de trajets ou d'usagers selon les souhaits. »

S’agissant de L’VA Klaxit exploité par Klaxit et piloté par Vienne Condrieu Agglomération, Christelle Chevrier, directrice des Transports et Déplacements de Vienne Condrieu Agglomération, témoigne : « Au bout d'un an de mise en place on a très largement dépassé les objectifs qu'on s'était fixés, c'est un vrai succès sur le territoire. On peut dire que c'est un produit qui vient vraiment compléter l'offre en transport qu'on propose.»

Afin de répondre à un enjeu de massification du covoiturage, les lignes à haut niveau de service sont des dispositifs visant à réduire l'autosolisme en ciblant les trajets domicile-travail. Il s'agit de lignes avec des arrêts fixes identifiables, positionnées sur des axes structurants avec un flux important afin de relier les zones d'habitations des salariés aux zones d'activité.

Portées par les collectivités via un opérateur privé, elles fonctionnent de manière spontanée sans réservation : la demande de trajet passe par une borne connectée, une application ou par SMS. Ce service, accompagné d'une incitation financière, requiert la mise en place d'une garantie de trajet sur des horaires d'ouverture définis afin de pallier à la crainte de non arrivée à destination.

Le 3e webinaire de la série donne la parole à deux collectivités sur la mise en place de leur service :

• La Communauté de communes de la Plaine de l’Ain avec Covoit’ici PIPA
• Le Syndicat mixte des mobilités de l’aire grenobloise (SMMAG) avec M Covoit’ Lignes+.

Mathilde Remuaux, chargée de mission Mobilité à la Communauté de communes de la Plaine de l’Ain, témoigne d'un réel enjeu dans le positionnement des arrêts lors de la conception du service : "Il y a un équilibre à trouver entre être sur un flux de conducteurs important et être accessible pour le passager, ces deux paramètres sont parfois difficiles à conjuguer."

Emilie Faghel, cheffe de projet Mobilité au SMMAG, explique l'importance de la communication pour la réussite du projet : " La crainte est un vrai frein sur le covoiturage", c'est entre autre pourquoi sur ce service "un animateur est dédié à 100% sur le territoire, et a vocation d'aller expliquer le service, de le faire comprendre, d'aller voir les entreprises, et de tisser un lien avec une communauté d'usagers."