[MOBILITÉ] Roannais Agglomération : une flotte de bus 100% électrique

Roannais agglomération, communauté d’agglomération d’environ 100 000 habitants regroupant 40 communes, est située au nord du département de la Loire. Composé d’un centre urbain et de nombreuses petites communes périurbaines et rurales, le territoire bénéficie d’une qualité de vie préservée, notamment le long du fleuve de la Loire.

La collectivité a voté, en 2016, son 2e plan climat-air-énergie territorial (période 2020-2026), un programme de 28 actions en faveur de la transition énergétique autour des enjeux de rénovation des bâtiments, de réduction des déchets, de mobilités partagées et vélo, de développement des énergies renouvelables (EnR)…

Engagée dans une démarche TEPOS (territoire à énergie positive), la collectivité souhaite produire une énergie locale et renouvelable. En 2021, elle se dote d’une société d’économie mixte « Roannaise des EnR » capitalisée en interne à 90%, afin d’aider les collectivités et structures privées à développer des projets solaires et éoliens.

En matière de préservation de la biodiversité et des ressources, la collectivité s’engage à préserver ses écosystèmes à travers le déploiement d’une nouvelle stratégie Biodiversité (horizon 2025).

Sur le volet transports, la collectivité propose un service de location de de vélos à assistance électrique « Biky » avec une flotte de 200 vélos et un tarif de 40€ le mois d’essai. Les transports en commun, eux, sont gratuits en week-end dans toute l’agglomération depuis septembre 2023, et desservent les zones d’activités économiques. L’année 2024 marque également un tournant important pour ces mobilités partagées, en effet la collectivité passe au tout électrique sur le réseau de bus à compter de la fin d’année 2025.

En février 2024, neuf bus électriques d’une flotte de 27 sont inaugurés au sein du réseau STAR de Roannais agglomération, qui tournait historiquement au diesel. L’objectif pour 2025 : une flotte 100% électrique, avec une réduction annuelle estimée de 1630 tonnes d’émissions de CO2, soit 90% de réduction par rapport au tout diesel. C’est la première agglomération française à faire ce basculement total.

« C’est un véritable choix politique pour la collectivité », assure le président de la communauté d'agglomération, Yves Nicolin, qui souligne les travaux importants qu’il a fallu réaliser : installation de bornes de recharge électrique respectant les normes ICPE, rénovation des bus, formation des conducteurs… «  Nous avons investi 23,5 millions d’euros, avec un budget amorti sur 15 ans. »

Selon l’élu aux transports, Jean-Luc Chervin, ce n’était pas une obligation légale de renouveler la flotte mais un choix réfléchi et justifié. « Au départ, nous ne savions pas si le projet concernerait l’intégralité de la flotte, mais le président de la CA a tout de suite souhaité que ce soit le cas. C’était un acte fort en faveur de la réduction des émissions de GES, mais aussi des filières françaises. Les nouveaux bus sont entièrement fabriqués en France : les châssis viennent d’Annonay, et le reste des équipements du département des Deux-Sèvres ».

Les nouveaux bus sont aussi plus confortables et sécurisés pour les usagers. Chaque bus peut transporter 85 personnes, a une autonomie de 300 kilomètres grâce à dix batteries, et est équipé de cinq caméras de sécurité et de ports USB pour les passagers.

La collectivité a été accompagnée par plusieurs partenaires, dont le service Mobilité de Roannais agglomération, propriétaire du dépôt et des bus ; son délégataire Transdev Roanne, exploitant pour la DSP transports ; le fabricant Iveco France localisé à Rorthais et une assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO) Transamo. Cette AMO accompagne l’agglomération depuis maintenant trois ans afin de concrétiser ce projet d’envergure et engager la réfection comme la mise aux normes du dépôt de la STAR.

Freins : impact financier liés à la livraison du dépôt

• Retard dans l’attribution des marchés impactant le démarrage des travaux de réfections du  dépôt ;
• Contraintes matérielles pour transformer les dépôts et sécuriser les bus (normes ICPE) ;
• Infrastructure de recharge : La transition vers une flotte électrique nécessite la mise en place d’infrastructures de recharge, qui peuvent être coûteuses et complexes à installer, surtout dans des zones où les réseaux électriques doivent être renforcés ;
• Défis techniques et fiabilité : Les véhicules électriques sont plus récents sur le marché et leur fiabilité sur de longues périodes reste un enjeu non négligeable. L’entretien spécialisé et la formation des techniciens représentent aussi un investissement supplémentaire.

Leviers :

• Une forte volonté politique ;
• Un retour sur investissement conséquent avec une flotte entièrement neuve et in fine des frais inhérents aux véhicules thermiques fortement réduits ;
• Des subventions nationales et départementales à hauteur de 10% du budget global, soit 2,74 millions d’euros.
• Une campagne de communication institutionnelle et des opérations de communication portées par le délégataire avec un relai presse (sur YouTube) pour informer les usagers du réseau et présenter tous les avantages de la nouvelle flotte ;
• Une image positive résultant de l'engagement environnemental : En adoptant une flotte électrique, une agglomération montre son engagement envers la lutte contre le changement climatique et la réduction de la pollution. Cela renforce son attractivité pour les citoyens et les entreprises soucieuses de l'environnement.

Bénéfices :

• Réduction de la pollution atmosphérique contribuant à l’amélioration de la qualité de l’air particulièrement en milieu urbain ;
• Réduction des nuisances sonores en cœur de ville et dans les zones denses et résidentielles ;
• Amélioration de la santé publique : La réduction de la pollution atmosphérique et sonore a des effets positifs sur la santé des habitants, en diminuant les risques de maladies respiratoires et cardiovasculaires liées à la pollution ;
• Économie à long terme : Bien que les bus électriques soient plus coûteux à l'achat, les coûts d'exploitation (maintenance et carburant) sont généralement plus faibles ;
• Conformité avec les réglementations environnementales en vigueur ;
• Soutien à l'innovation et à l'économie nationale avec le Made In France : les bus IVECO étant une fabrication française, le développement de flottes électriques peut stimuler les industries locales, que ce soit dans la production de véhicules électriques, de batteries ou encore de bornes de recharge. Cela peut générer de l'emploi dans le secteur des nouvelles technologies et des énergies renouvelables.

La livraison et la mise en circulation des 18 autres bus électriques, prévue initialement en trois étapes jusqu’à 2026, aura finalement lieu fin 2025.

[Page créée en septembre 2024]