La Communauté de communes Saône-Beaujolais affiche l’ambition de massifier la production d’électricité photovoltaïque sur son territoire. Tout en invitant les habitants à s'approprier le sujet de l’énergie, notamment en redevenant maîtres de leur consommation dans le cadre d’une marque locale d’électricité verte – une première en France.
Le territoire
La Communauté de communes Saône-Beaujolais (CCSB) regroupe 35 communes du nord du département du Rhône, sur la rive droite de la Saône, entre Mâcon et Villefranche-sur-Saône. Pleinement située dans la zone d’influence de Lyon, traversée par des axes autoroutiers majeurs dont l’A6, elle voit sa population (45 000 habitants) progresser fortement depuis les années 1990. Son territoire se compose de trois entités paysagères caractéristiques : les monts du Beaujolais, les coteaux viticoles et le val de Saône.
La collectivité et son projet de territoire durable
Engagée dès 2010 dans un Plan climat volontaire, la collectivité, labellisée TEPOS-CV depuis 2016, a élaboré en 2018 son Plan climat-air-énergie territorial et a mis en œuvre plusieurs actions dans ce cadre :
- Audit énergétique de l’ensemble des bâtiments communaux et intercommunaux ;
- Rénovation de 113 d’entre eux pour près de 6 millions d’euros
- Construction d’un centre multi-accueil passif à Belleville-en-Beaujolais
- Création d’un service de rénovation de l’habitat
- Déploiement d’une vingtaine de projets photovoltaïques sur les bâtiments publics
- Mise en service d’un réseau de chaleur à Chénas et installation de 4 chaudières bois
- 1 projets de méthanisation territorial
- Réflexion autour de l’installation d’une station GNV
- Création d’un parking de covoiturage aux abords de l’A6
- Installation de 10 bornes de recharge pour véhicules électriques
- Visites et conseils auprès des entreprises
La Communauté de communes Saône-Beaujolais est mutualisée avec la Commune de Belleville-en-Beaujolais engagée dans un projet urbain « Belleville, ville bioclimatique et positive 2035 ».
La stratégie de solarisation de la CCSB
La CCSB a voté en mai 2021 et présenté en juin 2022 un projet ambitieux de « massification photovoltaïque » de son territoire. L’objectif est de déployer 50 à 60 mégawatts-crête (MWc) d’ici à 2027, grâce à des installations en toitures, en ombrières mais aussi au sol sur des tènements fonciers privés ou publics.
Actuellement, 67 projets d’au moins 500 kW représentant 50 MWc sont en projet et devraient entrer en service d’ici un an et demi, sur une ancienne gravière à Taponas et à Belleville-en-Beaujolais, sur un délaissé de l’aérodrome de Pizay, sur une ancienne décharge à Saint-Jean-d’Ardières ou encore sur le parking de l’Aréna à Lancié… Un projet d’agrivoltaïsme de grande envergure (4 000 mètres carrés de vignes et de cultures maraîchères) est également à l’étude.
Ces projets représenteraient l’équivalent de la moitié de la consommation électrique de la population du territoire. Ils se concrétiseront par l’entrée de la Communauté de communes au capital des différentes sociétés locales de production, soit un montant global d’engagement compris entre 2,5 et 4 millions d’euros. En attendant, qu’à terme, la CCSB devienne territoire à énergie positive.
La stratégie déployée par la CCSB intègre un volet essentiel d’implication des habitants, invités à se réapproprier le sujet de l’énergie et à participer directement à une démarche de valorisation d’une électricité locale (produite dans le Sud-Est de la France), verte (photovoltaïque, éolienne, hydro…) et moins chère (5 à 7 % de moins que les autres contrats fournisseurs selon ses promoteurs).
Les habitants sont invités à participer financièrement aux projets solaires, par le biais d’obligations équivalent à une solution d’épargne locale affichant une rémunération intéressante et permettant le partage de la valeur produite sur le territoire.
Par ailleurs, la collectivité a créé, en mai 2023, la marque Bôwatts (« l’énergie verte du Beaujolais »), qui se revendique comme la première du genre en France. Elle garantit à ses adhérents :
- Un fournisseur d’électricité sélectionné avec My Energy Manager partenaire ;
- Une électricité verte et moins chère d’environ 7 % ;
- Des outils pour maîtriser sa consommation et la réduire d’environ 20 % : l’afficheur nrLink pour la suivre en temps réel en euros et en kilowatts-heure ; un espace membre pour bénéficier de conseils et d’analyses ; l’accès à une communauté d’échanges.
Un ambassadeur de l’énergie sera recruté par la Communauté de communes, sur le modèle des ambassadeurs du tri.
Les collectivités locales ne doivent pas avoir peur du sujet du photovoltaïque et, plus généralement, des énergies renouvelables. Dans notre histoire, les territoires ont été écartés de la question énergétique. Ils peuvent aujourd’hui se réapproprier cette question et en faire un outil de développement du territoire et de transition énergétique. Elles doivent s’en emparer et contribuer à constituer, sur leurs territoires, des écosystèmes permettant une production locale et durable.
Philippe Serre, directeur général des services de la CCSB
Le bilan : un combo gagnant implication des citoyens + production locale
Résultats
- Des projets photovoltaïques représentant 40 à 50 MWc en cours de développement
- Une marque locale d’électricité verte
Les freins
- Des montants importants à mobiliser au titre de l’investissement, par rapport auxquels il faut convaincre les élus au premier chef
- Une population à convaincre d’adhérer à Bôwatts
Les leviers
- Un partenariat avec une start-up lyonnaise plutôt qu’un modèle de Sem ou de SPL
- Un double volet, le combo gagnant : implication des habitants + développement d’une production d’électricité locale grâce au photovoltaïque
- Une « méthode agile » pour monter les différents projets
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[Page créée en octobre 2023]
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