19.09.2024
La Communauté d’agglomération Arlysère s’étend sur 765 km² dans les montagnes du département de Savoie. Elle regroupe 39 communes et compte 61.000 habitants. Créée en 2017, elle est le fruit d’une fusion de quatre communautés de communes. Son statut d’agglomération lui a conféré les compétences mobilités, qu’elle exerce depuis, conformément à la loi NOTRe et la Loi Orientation des Mobilités. À ses côté, l’Agence Écomobilité Savoie-Mont-Blanc : une association devenue société publique locale en 2019, un vivier de partenaires et de compétences pour accompagner les collectivités dans les solutions à mettre en place.
Témoignage de Jean-François Brugnon, vice-président à la Communauté d’agglomération d’Arlysère en charge des Mobilités et Sarah Geiss, responsable du pôle social à l’Agence Écomobilité Savoie-Mont-Blanc.
Quelle est la stratégie du territoire en matière de mobilité ? Dans quel projet territorial s’inscrit-elle ?
Jean-François Brugnon : La mobilité étant une thématique abordée différemment dans des territoires historiquement séparés, les élus ont choisi de commanditer une étude dans l’objectif de construire une stratégie globale pour l’ensemble des 39 communes. L’orientation politique qui a donnée suite à cette étude a été intégrée dans le Plan climat air-énergie territorial (PCAET) que la collectivité a ensuite porté.
La stratégie mobilité s’articule autour de deux axes : le premier consiste à proposer une offre dynamique de transport. À savoir que la collectivité gère neuf lignes de transports urbains, quatre lignes non urbaines, ainsi que les 70 services de transport scolaire.
Le second axe porte sur le développement d’alternatives à la voiture et l’autosolisme sur le territoire, où la part modale des déplacements domicile-travail en voiture oscille entre 73% et 88%. Les élus se sont engagés dans une politique cyclable marquée par l’adoption d’un schéma directeur vélo en 2021, construit avec l’Agence écomobilité Savoie-Mont-Blanc. Celui-ci permet de visualiser le maillage cyclable à construire pour faciliter la pratique du vélo dans les déplacements quotidiens. Cette initiative a conduit à la mise en place de fonds de concours pour des aménagements cyclables, pour lesquels Arlysère finance jusqu’à 50% des coûts restants, et l’achat des arceaux vélos pour tout le territoire.
Le covoiturage a également été l’objet d’un schéma directeur afin de renforcer sa pratique. Validé l’an dernier, il fournit une vision globale du maillage des aires de covoiturage et de la mise en place de certaines lignes stratégiques : Albertville – Beaufort et Albertville – Moûtiers. Complété par des actions telles que la gratification des conducteurs, le projet de covoiturage s’est fait en partenariat avec le Département de Savoie qui a initié une dynamique globale pour tous les EPCI du département.
L’autopartage est venu en complémentarité. Trois véhicules sont aujourd’hui disponibles dans le bourg centre qu’est Albertville.
L’amélioration des conditions de mobilité se poursuit avec la création d’un nœud multimodal en gare d’Albertville. L’entrée ferroviaire du territoire, desservie par les lignes de bus, accueillera prochainement une agence de la mobilité, une vélo station et des garages à vélo.
Pouvez-vous expliquer en quoi la SPL Agence écomobilité est un acteur particulier dans la réalisation de cette politique mobilité ?
Jean-François Brugnon : Le service mobilité de la collectivité est composé de deux personnes, pour mener à bien l’ensemble des actions décrites précédemment. La SPL est un outil essentiel pour Arlysère. Nous bénéficions du savoir-faire de l’équipe qui la compose, de compétences spécifiques, de l’expérience acquise dans d’autres territoires et de la présence sur place d’un agent. Ce sont des collègues de travail. Tout cela est pour nous gage d’efficacité dans la mise en œuvre des orientations politiques, notamment grâce à leur connaissance fine du territoire.
Sarah Geiss : L’Agence a été créée en 2001 sous forme d’association afin de gérer un service de location de vélos pour l'Agglomération de Chambéry. Elle s'est ensuite élargie à d'autres missions telles que l'accompagnement des entreprises et des établissements scolaires. En 2019, elle est devenue une Société publique locale (SPL), renforçant son rôle auprès des collectivités membres, dont la Communauté d’agglomération Arlysère. Dix-sept collectivités membres actuellement font partie des actionnaires de la SPL, ainsi que la Région, en tant que chef de file de l’intermodalité.
La SPL se décline en différents pôles de compétences : plan de mobilité employeur, scolaire, service vélo, études et infos multimodales, aménagement cyclable, covoiturage et social, qui permettent d’accompagner au mieux les collectivités.
Comment travaillez-vous ensemble, quelle est votre organisation ?
Sarah Geiss : Nous avons à la fois un contact dédié à l’aspect planification et la stratégie globale d’Arlysère et un agent sur place, référente sur le territoire depuis 5 ans, qui collabore avec Stéphane Piquier, responsable Mobilité d’Arlysère agglo, pour la mise en œuvre des projets.
Jean-François Brugnon : La présence d’Elaine Ivassenko de l’Agence écomobilité, permet une proximité avec le terrain ainsi qu’une continuité, facilitant les interactions et renforçant le lien social entre les habitants, les structures et la collectivité. L’adéquation entre l’orientation politique et la concrétisation est importante pour nous. D’ailleurs, le comité mobilité, instance regroupant des partenaires et associations, a fusionné avec la commission mobilité d’Arlysère qui regroupe les élus. Cela permet d’avoir une vision transversale et partagée de la mobilité, de son organisation à sa déclinaison.
Pouvez-vous citer quelques actions emblématiques ou innovantes, des projets phares que vous avez mis en place ?
Sarah Geiss : Arlysère a mis en place un système d’autopartage solidaire qui n’a pas été porté dans d’autres territoires que nous accompagnons. Le dispositif de Citiz solidaire propose des tarifs adaptés pour les publics en difficulté qui en bénéficient notamment via les conseillers sociaux.
Nous participons à l’animation et l’organisation des événements grand public pour encourager à se déplacer autrement, comme "Mai à vélo" et le "Grand Bivouac". Des ateliers de réparation de vélos dans les quartiers en insertion sont également organisés.
Pour le public scolaire, nous avons mis en place le "Défi des écoliers", encourageant l’utilisation de modes de transport alternatifs pour tous les enfants le temps d’une journée.
Jean-François Brugnon : Cette année, le défi a été élargi aux enseignants et personnels scolaires. Sa durée, initialement d’un jour, sera d’une semaine pour les établissements qui en ont fait la demande.
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