15.07.2024

AURA-EE a réuni les partenaires européens du projet NACAO en faveur du stockage carbone par les solutions fondées sur la nature, les 18 et 19 juin derniers, à Aix-les-Bains. L’occasion de mettre en lumière des bonnes pratiques développées en Italie, en Pologne ou en Allemagne. Et d’organiser deux visites sur site dans les Bauges et vers le lac du Bourget.

La restauration de milieux naturels dégradés

Comment retrouver la fonctionnalité initiale du milieu ? Pour les marais de Chautagne - zones humides de Chindrieux - et de Borgfelder Wümmewiesen, à Brême, en Allemagne, il s'agit d’une part de travailler à la capacité de rétention de l’eau du milieu – ces espaces jouant un rôle crucial pour la régulation des inondations – et d’autre part, au maintien d’une activité agricole : le fauchage dans le cas de Chindrieux, et l’élevage pour Brême. La visite du marais de Chautagne a illustré la nécessaire coopération entre les acteurs du territoire (collectivité, agriculteurs, experts scientifiques) dont la réussite s’illustre par de nombreux indicateurs de biodiversité et de gestion de l’eau.

Pour la rivière Guadalete, en Espagne, un projet de restauration est déjà en place depuis plusieurs années. Ce qui est particulièrement intéressant à mettre en avant est l’articulation avec le mécanisme local de crédits carbone. Par un système d’échantillonnage et d’analyse du sol, des chercheurs de l’université de Cadiz ont estimé le stock de carbone de la parcelle afin que des entreprises puissent financer le projet de restauration.

Autre type de restauration, la végétalisation des cours d’école de la ville d’Albertville. Construites avec d’anciens matériaux non adaptés au changement climatique, les cours d’école ont été restaurées avec davantage de végétaux et du mobilier plus adapté. Parmi les nombreux bénéfices de la végétalisation, figure l’atmosphère dans l’école, plus calme.

Des approches forestières différentes

En Italie, un programme de micro-forêts urbaines voit le jour pour lutter contre la mauvaise qualité de l’air : 15 hectares seront plantés à terme en zone urbaine, près des usines, des axes de circulation ou sur des friches industrielles. Bien qu’initialement pensés pour améliorer la qualité de l’air, les nouveaux espaces forestiers permettront aussi d’augmenter le stockage de carbone sur le territoire.

En France, dans le parc naturel des Bauges, certaines parcelles de la commune des Déserts ont subi les dégâts de la tempête de 1999 et sont désormais gérées en maintenant un équilibre entre les arbres pour l’accès à la lumière notamment. Il s'agit de privilégier une approche raisonnée, et de limiter drastiquement le recours aux coupes rases.

Le nouveau centre de ski de fond du Revard illustre une des destinations de la filière forestière avec la charpente en bois du bâtiment. D’une capacité d’accueil de 800 personnes par jour, scolaires, grand public et sportifs de haut-niveau s’y rendent.

En Pologne, dans un contexte où la forêt est majoritairement publique, deux programmes de plantation forestière ont été développés. Ils permettent d’inclure la biodiversité, d’assurer la rétention de l’eau et d’augmenter le stockage de carbone, notamment par la plantation irrégulière de hêtres et l’arrêt de pratiques détériorant le sol. Un institut de recherche associé a estimé que le premier programme avait permis de stocker 1 million de tonnes de CO2 supplémentaires en 30 ans.

Enfin, la ville de Jyväskylä développe un programme à horizon 2040 intégrant une multiplicité de thématiques de transition : l’atteinte de zéro émission en 2040, la production d’énergie bas carbone, l’objectif de zéro déchet et l’économie circulaire ou encore le bien-être des habitants. Approuvé en 2019 et mis à jour en 2022, plus d’un quart des mesures du programme ont déjà été réalisées. À noter que la ville de Jyväskylä a enregistré une baisse des émissions de GES de 37% entre 2005 et 2022.

Tous ces retours d'expériences illustrent la nécessaire coopération entre les différents acteurs d’un territoire. Ils ont été présentés dans le cadre du séminaire ayant réuni les partenaires européens (collectivités, élus, scientifiques et gestionnaires forestiers) du projet NACAO en faveur du stockage carbone par les solutions fondées sur la nature, les 18 et 19 juin derniers, à Aix-les-Bains. Un événement organisé avec la collaboration du Conservatoire des espaces naturels de Savoie, l’ONF, Sylv’acctes, Grand Chambéry, Grand Albertville, Grand Annecy, Grand Bourg, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et la SAFER.