12.10.2020
Deux journées ont été consacrées à la thématique Climat, risques et énergies : Quels enjeux, quels atouts pour les territoires alpins dans la gestion de l’après-crise ?, les 30 septembre et 1er octobre, à Chamonix. 150 acteurs (représentants de territoires - élus et services -, d'institutions gouvernementales et européennes, acteurs de la recherche, bureaux d'étude, acteurs associatifs, agences de l'énergie, entreprises privées, clusters, opérateurs énergétiques) étaient réunis au Centre des congrès Le Majestic, dont une partie connectée à distance, dans des conditions très convenables.
Organisé par la Présidence française de la Stratégie de l'Union européenne pour la région alpine (SUERA), en partenariat avec AURA-EE, les Régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Provence-Alpes-Côte d’Azur et CasaClima, cet événement a mis en lumière l’expérience des territoires alpins. Des territoires particulièrement vulnérables du fait de leurs caractéristiques géo-sociologiques extrêmes, qui ont su de tous temps, développer des stratégies de gestion des risques naturels, des stratégies énergétiques et aujourd’hui une nécessaire adaptation au changement climatique.
En qualité de coordonnateur du réseau des Territoires alpins de gestion intégrée des risques naturels (TAGIRN) dans le massif alpin français et membre du Groupe d’Action 8 de la SUERA, mandaté par l’ANCT, le PARN (Pôle Alpins des Risques Naturels) a également participé à l’élaboration du programme et à l’animation de la conférence.
Dans son message d’ouverture, Éric Fournier a témoigné, en tant que maire de Chamonix, des défis à relever sur son propre territoire, citant des outils européens tels qu’AdaPT Mont-Blanc : un projet Interreg Alcotra qui vise à développer des instruments de planification et de gestion territoriale pour l’adaptation aux changements climatiques pouvant être intégrés et adoptés par les institutions publiques à différents niveaux, local et régional. Christiane Barret, déléguée générale de la présidence française de la SUERA a, quant à elle, mis en avant des projets de coopération existants dans la région alpine et notamment ALPGRIDS, pour la création de boucles locales d’énergie et le développement de l’autoconsommation. Enfin, Elise Beck, enseignante-chercheuse au Laboratoire PACTE de l’Université Grenoble Alpes, a fait une présentation intitulée : "D’un concept à la mode à son opérationnalisation : éclairage des sciences sociales sur la résilience des territoires."
Des tables rondes orientées moyens et outils
Une première table ronde était consacrée aux besoins et moyens nécessaires à la lutte contre le changement climatique et à l’adaptation, avec la participation de Frédérique Colas, vice-présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté, Laurence Boetti Forestier, conseillère régionale de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Éric Fournier, vice-président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Stefan Benzing, de la Coopération internationale du Bade Würtenberget Cécile Hanoune de la DG CLIMA.
Une deuxième table ronde s’est intéressée aux outils développés pour gérer les crises, des outils pour diminuer les vulnérabilités, diminuer les dépendances aux énergies fossiles, augmenter l’autonomie énergétique des territoires, diminuer l’exposition au risque (TEPOS/GIRN, gouvernance territoriale, relocalisation, place laissée à la nature). Avec la participation de Cédric Petitjean, directeur général de l’Office cantonal de l’énergie du canton de Genève, Silvia Mezzano du Bureau de l’hydrographie de la Région autonome du Val d’Aoste et Madeleine Rohrer, conseillère municipale de la ville de Merano.
Des ateliers pour exprimer les besoins, comprendre les enjeux et initier des projets
L’après-midi, quatre ateliers étaient proposés :
- Adaptez votre territoire au changement climatique !, co-organisé par AURA-EE et le PARN. Avec le support ludique d’apprentissage ClimaSTORY développé par AURA-EE, les participants de cet atelier ont été mis en situation à travers un jeu de rôle, autour de la carte d’un territoire fictif, dans le but de trouver des solutions d’adaptation au changement climatique.
- L’hydrogène, un vecteur énergétique en devenir dans les Alpes ?, co-organisé par AURA-EE, CasaClima et la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Les groupes d’action de la SUERA ayant souhaité la mise en place d’un groupe de travail « Hydrogène vert pour les Alpes » pour développer la production et la consommation d’hydrogène vert, développer les infrastructures, stimuler le marché et initier des coopérations. Cette initiative vise à développer des projets de coopération alpine et cette première rencontre a permis de présenter trois idées de projets.
- Une approche intégrée dans la planification territoriale, co-organisé par le PARN : présentation d’initiatives pilotes et discussions autour de perspectives de coopération pour mettre en commun les bonnes pratiques de gestion intégrée des risques dans les villes et les métropoles de la Région Alpine, qui représentent des pôles de compétence, de recherche et d’innovation.
- Quels objectifs énergie climat pour la SUERA ?, co-organisé par AURA-EE, la Convention Alpine et EURAC, sur les objectifs énergie climat 2030 de la SUERA, à définir dans le cadre du Green New Deal, et la nécessité de construire un observatoire alpin de l’énergie pour suivre ces objectifs et stimuler la transition énergétique dans les Alpes.
La journée s’est terminée avec la restitution des ateliers thématiques et un mot de conclusion par Serge Nocodie, président d’Auvergne-Rhône-Alpes Energie Environnement (AURA-EE), vice-président de la FEDARENE en charge du climat.
Des visites de terrain pour illustrer concrètement les problématiques évoquées
Deux excursions étaient organisées le lendemain. L’occasion pour les participants de créer des liens, discuter, échanger mais aussi se familiariser avec des problématiques propres aux territoires de montagne : des territoires « d’excellence » ayant acquis une expérience dans la gestion des questions au croisement entre climat, risques et énergie.
La visite de la microcentrale hydroélectrique, située au pied du glacier du Taconnaz était commentée par des élus des deux collectivités concernées, au milieu desquelles coule le ruisseau du Taconnaz (Chamonix et Les Houches) et Voltalia, la société gestionnaire de la microcentrale située sur le ruisseau du Taconnaz. Une visite qui a mis en évidence les contraintes liées à la production d’énergies renouvelables en milieu urbain alpin, et les moyens mis en place en termes de gestion et prévention des risques.
Autre excursion : une randonnée de trois heures au Plan de l’Aiguille (altitude 2317m), situé dans le massif du Mont Blanc. Animée par Irène Alvarez et Brad Carlson, du CREA (Centre de recherche sur les écosystèmes d’altitude) avec l’intervention de Benjamin Einhorn, du PARN, cette sortie a emmené la cinquantaine de participants à la découverte des impacts du changement climatique sur la faune et la flore, et leur gestion par la biodiversité. Parmi eux, la Secrétaire d’Etat en charge de la biodiversité, Bérangère Abba, qui déclarait un peu plus tard sur son compte Twitter : « C’est au cœur du Massif du Mont Blanc que l’on prend conscience de son exceptionnelle beauté mais aussi de son extrême fragilité ». La Secrétaire d’Etat se rendait peu de temps après en préfecture de Haute-Savoie, à Annecy, pour la signature de l’arrêté Mont-Blanc, visant à réconcilier les usages, les pratiques, tout en préservant l’environnement.
Au final, cet événement aura permis d’alimenter la réflexion, d’élaborer des recommandations et d’initier des projets de coopération en faveur de l’adaptation au changement climatique, d’une énergie durable et de la limitation des risques naturels dans les territoires de la région macro-alpine, qui seront soumises à la Commission européenne. Il aura aussi représenté un moment privilégié de rencontres qui, grâce au protocole sanitaire, a permis aux 70 participants présents de se rencontrer, d’échanger et de co-construire.
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