01.06.2023
La Communauté de communes des Monts du Lyonnais est un territoire de moyenne montagne situé dans le Rhône, à l’ouest de Lyon. Elle représente une population de 32 000 habitants répartis dans 32 communes allant de 130 à plus de 4000 habitants. En démarche TEPOS-CV depuis 2015, elle est engagée, à horizon 2050, à produire l’énergie qu’elle consomme. Afin de fédérer les communes autour de cet objectif, la collectivité a inventé un nouveau concept : les CEPOS - Communes à énergie positive.
L’enjeu de la démarche CEPOS est de décliner à l’échelle communale les objectifs de production et de réduction de la consommation énergétique déterminés par la stratégie TEPOS et de guider les communes dans leurs efforts. Athénaïs Trillat, chargée de mission Énergies renouvelables et Plan climat au service Transition écologique de la Communauté de commune des Monts du Lyonnais, explique la démarche :
En quoi consiste le projet CEPOS ? Comment l’intercommunalité en est-elle venue à cette idée ?
La démarche TEPOS de la communauté de communes a été lancée il y a huit ans. Depuis, il y a eu un renouvellement des élus. Nous avons fait le constat que les nouveaux maires et conseils municipaux n’étaient pas pleinement investis dans l’atteinte des objectifs d’indépendance énergétique fixés, etque les orientations en matière de politique Énergie se retrouvaient peu au niveau communal.
Nous avons donc créé le concept de CEPOS - Communes à énergie positive. Concrètement, la communauté de communes va à la rencontre des 32 communes du territoire pour les embarquer dans la transition énergétique et les soutenir dans l’émergence de projets communaux.
Les élus communaux reçoivent un guide personnalisé à l’échelle de leur commune comprenant un diagnostic énergétique, une stratégie, des fiches thématiques (avec explication sur le lien avec la transition écologique, des retours d’expérience, chiffres-clés, contacts au sein de la collectivité et externes pouvant proposer des solutions…) et un annuaire numérique et interactif afin que chacun puisse mettre à jour et renforcer la cartographie des acteurs du territoire.
Pour donner vie à ce guide, un parcours en trois temps est proposé : la présentation aux élus municipaux de chaque commune, puis pour les communes volontaires un temps festif et convivial ouvert à tous est organisé pour lancer la construction d'un programme d’actions concerté, et enfin un appui dans le temps est proposé pour concrétiser la démarche.
Bien sûr, les communes avaient déjà des projets, mais elles peuvent toutes faire plus. L’idée était de bien expliquer les objectifs TEPOS pour que les communes se les approprient, et les aider à agir pour les atteindre, car ils sont ambitieux.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées ou rencontrez-vous encore ?
Notre façon de présenter la démarche a beaucoup évolué au fur et à mesure des conseils municipaux car on se rendait compte que certaines données ou certains thèmes étaient trop peu parlant ou n’étaient pas bien compris. Par exemple, parler en kWh est trop abstrait. Au contraire, la hausse du prix de l’énergie est un thème qui concerne et intéresse tout le monde et par lequel nous avons pu capter l’attention des élus.
La rédaction des guides personnalisés est également un grand défi. Nous utilisons les données de l’ORCAE et du site TerriSTORY® pour poser le constat actuel puis proposer des graphiques prévisionnels. Mais la recherche, le traitement et la vérification de ces données est un travail lent et fastidieux. Les données vérifiées les plus récentes datent souvent de plusieurs années, ce qui n’est pas très pratique pour proposer des actions concrètes avec des bilans prévisionnels. Nous avons souvent du mal à certifier les données qui peuvent parfois se contredire, et nous devons sélectionner laquelle est la plus fiable, mais aussi la plus parlante, de manière à ce qu’on puisse les comparer avec des ordres de grandeurs. Pour tout cela, nous avons fait appel à un stagiaire ASDER qui nous a bien aidés.
Maintenant que les communes ont été sensibilisées, qu’elles ont les clés en main, se pose la question du suivi, pour que tous ces efforts maintiennent bien une dynamique dans le temps. Il faut que nous restions disponibles et à l’écoute des communes pour pouvoir suivre leurs projets, les difficultés qu’elles rencontrent. Nous souhaitons maintenir le lien que nous sommes parvenus à créer.
Qu’avez-vous appris de cette expérience ?
Je pense que l’idée de décliner les données pour chaque commune est un vrai plus par rapport à la vision d’ensemble que peut offrir le TEPOS. En tant que communauté de communes, nous connaissons les spécificités de nos territoires et nous pouvons réfléchir avec les acteurs concernés à des objectifs sensés et cohérents pour chacun. C’est un travail long, mais nécessaire pour motiver les communes. L’échelle du TEPOS ignore les spécificités de chaque commune. On ne peut pas demander à une grande commune industrielle de réduire sa consommation énergétique autant qu’une petite commune rurale.
Et le temps humain est justement la ressource la plus importante pour qu’une telle entreprise fonctionne. Nous avons eu la chance de pouvoir impliquer une équipe dans ce projet afin de traiter les données, produire les guides, aller systématiquement à la rencontre des acteurs sur le terrain, organiser des réunions. Il fallait créer du lien, et le seul moyen pour cela, est d’investir du temps humain.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Déjà, nous allons finir ce que nous avons commencé. Nous avons livré leur guide à quelques communes, mais nous devons continuer de rédiger les autres.
Ensuite, notre prochain objectif pourrait être de créer plus de lien entre les communes, de les faire discuter entre elles. Pour cela, nous avons déjà organisé un temps de rencontre dynamique durant lequel huit communes ont présenté aux autres des projets concernant la mobilité, les déchets, les circuits courts… Nous avons eu de très bons retours. Donc nous souhaitons reconduire l’expérience.
Nous nous posons également des questions sur la place que doivent prendre les citoyens dans cette démarche. Pour l’instant, nous avons fait le choix de nous adresser uniquement aux maires et conseils municipaux car nous avons jugé que c’étaient eux les acteurs principaux que nous devions convaincre pour démarrer le mouvement. Mais lorsque cette étape sera atteinte, il faudra penser à intégrer les citoyens car ce sont tous les acteurs du territoire qui doivent être en accord et travailler ensemble si on veut que les projets avancent. Pour l’instant, nous avons trouvé un premier compromis en formant un conseil de développement composé de citoyens des différentes communes qui suivent les 32 conseils municipaux de présentation des CEPOS.
Pour finir, nous pouvons également partager notre démarche à d’autres communautés de communes qui pourraient être intéressées. Nous avons été très heureux d’apprendre que la communauté de communes voisine du Pays de l’Arbresle est en réflexion pour sensibiliser ses communes de la même manière. Savoir que notre travail peut inspirer d’autres acteurs à se lancer dans une démarche similaire nous motive à continuer dans cette voie-là.
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